Homélie du 27ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 26 septembre 2021“Homme et femme, il les créa”
Textes bibliques : Lire
L’Évangile de ce dimanche nous montre deux manières de se comporter à l’égard du Christ : D’un côté, nous trouvons celle des petits enfants ; Jésus les donne en exemple pour leur manière d’accueillir le Royaume de Dieu. Ce Royaume est offert à tous. Pour l’accueillir, il suffit de se laisser aimer par Dieu comme seuls les petits enfants savent le faire. Face à eux, l’Évangile nous montre ceux qui ne cherchent qu’à piéger Jésus. Ils n’hésitent pas à utiliser la ruse pour l’enfoncer. Ces deux attitudes, celle des petits enfants et celle des pharisiens nous interpellent : comment accueillons-nous la Parole de Dieu ? Avec droiture et générosité ? Ou dans l’indifférence et le refus ?
Cette différence dans l’accueil de la Parole de Dieu est illustrée par la question des pharisiens à Jésus : “Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?” Jésus les renvoie à la loi de Moïse qu’ils connaissent par cœur. Ils savent qu’elle permet de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. Jésus leur répond que si Moïse a fait cette concession, c’est à cause de l’endurcissement de leur cœur. La Bible prend les gens là où ils en sont pour les amener progressivement vers la Révélation dans le Christ Jésus.
Dans sa réponse, Jésus prend le parti de Dieu. Il les renvoie au livre de la Genèse (1ère lecture) : “Il les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux mais ils ne font qu’un.” Et Jésus ajoute : “Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.”
Cet enseignement du Christ est très fort ; il défend la dignité du mariage. L’homme et la femme qui se marient sont appelés à former une communauté de vie, de partage et d’amour. À travers leur manière de s’aimer et d’aimer leurs enfants, ils disent quelque chose de l’amour passionné qui est en Dieu. Or c’est précisément cela qui a été voulu par Dieu depuis les origines. Il a voulu que leur amour soit un écho de celui qui est en lui.
C’est vrai que tout cela ne va pas sans difficulté. Il suffit de voir tous ces couples qui n’arrêtent pas de se déchirer et qui finissent par se séparer. Nous voyons aussi des vies de familles très déroutantes : certaines se contentent d’être des familles “hôtel restaurant” ou des “familles dortoir”. Elles sont une simple juxtaposition de personnes ; il n’y a pas de vrai dialogue sur les questions essentielles.
Un jour, Jésus a dit qu’il est “venu pour que tous les hommes aient la vie en abondance.” Cela vaut aussi pour les couples. Par le sacrement du mariage il veut les aider à ne plus faire qu’un dans l’amour. Aujourd’hui, nous le prions d’ouvrir le cœur de tous les époux à son projet d’amour. Aimer c’est une aventure qui s’appuie sur la fidélité de Dieu. L’union de l’homme et de la femme nous dit quelque chose de l’alliance entre Dieu et les hommes. En vivant dans l’amour, le respect et la fidélité, ils témoignent à leur manière d’un Dieu qui aime, qui pardonne et qui se donne.
C’est vrai que tout cela n’est pas facile à vivre. Mais aujourd’hui, Jésus nous annonce une bonne nouvelle : ce qui est impossible aux hommes ne l’est pas pour Dieu. Dieu seul peut nous donner un cœur neuf, un esprit nouveau. Le problème de chacun de nous n’est pas la conversion des autres mais la nôtre ; c’est de transformer notre propre cœur. Dieu seul peut nous apprendre à aimer comme il nous aime. Il est fidèle, même si nous le trahissons. Il nous conserve sa tendresse absolue indépendamment de la nôtre. Alors, soyons parfaits comme notre Père du ciel. Même si ce n’est pas apparent, sa volonté coïncide toujours avec notre bonheur.
Nous recevons cet Évangile comme un appel à défendre la famille sans relâche. À son époque, le pape Jean-Paul II nous rappelait que l’avenir de l’humanité passe par la famille. C’est là que nous apprenons le sens du partage, du don et du respect de l’autre. C’est aussi là que nous apprenons à nous ouvrir à la richesse du pardon et de l’écoute, au respect des différences, à la patience qui fait grandir.
La lettre aux hébreux ne parle pas spécialement du mariage. Mais elle nous révèle cet amour passionné de Jésus pour tous les hommes. C’est un amour qui est resté fidèle et qui s’est donné jusqu’au sacrifice de sa vie. Par sa Passion, sa mort et sa résurrection, il nous a ouvert le chemin de la vraie vie. Ce qu’il attend de nous, c’est que nous venions à lui comme les petits enfants dont nous parle l’Évangile. C’est autour de lui que doit se construire l’unité des familles et celle des communautés chrétiennes.
En ce dimanche, nous nous tournons ensemble vers notre Dieu qui est source de tout amour. L’Eucharistie, c’est Dieu qui se donne pour nous faire vivre de son amour à l’intérieur de nos familles et de nos divers lieux de vie. Dieu nous aime tous inconditionnellement quelle que soit notre situation et quels que soient nos torts. Il vient nous chercher là où nous en sommes pour nous inviter à faire un pas de plus sur le chemin de la vie. Que cette bonne nouvelle nourrisse notre espérance et notre prière !
Sources : Revues Feu Nouveau et Signes, L’Évangile au présent (D. Sonnet, lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), Avec saint Marc (Claire Patier)
Les textes liturgiques de ce dimanche nous plongent au cœur de la communauté naturelle qu’est le couple et sa famille. Le Livre de la Genèse nous décrit l’union originelle de l’homme et de la femme. « Le Seigneur Dieu dit : ‘Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra.’ » (Genèse 2:18) L’Évangile nous rappelle la fidélité du couple : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mc 10:9)
L’Amour est toujours le cœur du message de la Bonne Nouvelle. La famille est le premier foyer où ce feu s’exprime naturellement. Il doit y être chaleureusement maintenu par chacun de ses membres. C’est le lieu où l’entente mutuelle a la meilleure opportunité de se transmettre par l’ambiance qui y règne. Une condition indispensable pour l’épanouissement de chacun. Car, sur la route de la vie, bien de joies et de contrariétés attendent cette cellule familiale. Le plaisir de vivre ensemble, de se faire confiance et de compter les uns sur les autres. Mais aussi le temps qu’il faut pour apprendre à se connaître, à s’aimer et à savoir se pardonner. Nombreux seront les malentendus à lever, les obstacles à franchir, les différends à dépasser pour accéder à l’harmonie. C’est dans une famille unie que nous apprenons, par le témoignage et le dévouement de tous, les valeurs intrinsèques de la vie : le respect, le service, la patience… L’écoute de l’autre arrondie les angles et consolide cette cohésion familiale. Toutefois, elle réclame un désir constant de découverte les uns des autres et beaucoup d’efforts de chacun. C’est un art qui se travaille, une relation qui demande du temps pour s’installer et pour se développer durablement. C’est la voie incontournable pour avancer ensemble vers le bonheur mais aussi pour s’épauler mutuellement dans les moments difficiles de la vie. La famille est le premier contact que nous avons avec le monde. Elle constitue l’unité de base de la société. Une famille heureuse fait tache d’huile dans les rapports sociaux et crée un environnement propice à l’acquisition des valeurs durables tant sur le plan humain que religieux. Que cette harmonie éclate et c’est la société qui perd une valeur essentielle.
L’Évangile de ce dimanche souligne aussi la profonde sollicitude de Jésus envers les enfants : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » (Mc 10:14-15) C’est ainsi qu’à chacune de ses rencontres avec eux, Jésus finit toujours par livrer un message. « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer. » (Mt 18:6) « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 18:10) Mais pour Jésus, l’enfant n’est pas le roi de la maison où tous les caprices sont permis. Les parents ont le devoir de les aider à bien se comporter et à acquérir au fil du temps des valeurs essentielles pour faire face aux difficultés de la vie. Pour cela, l’éducation religieuse doit tenir une place importante dans la vie familiale. La famille est le lieu où l’on apprend à percevoir la beauté de la foi et à servir le prochain. Cette éducation rendue difficile par le style de vie actuel doit toutefois être maintenue coûte que coûte dans la tradition familiale. La foi est vivante. Et si on ne la cultive pas, elle s’anémie et finit par disparaître.
Le chemin du salut passe par l’enfance spirituelle. « Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » (Mc 10:15) nous dit Jésus. Il a dévoilé cette vision à Nicodème quand celui-ci cherchait le chemin de Vérité auprès du Maître : « ‘Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu.’ Nicodème lui répliqua : ‘Comment est-il possible de naître quand on est déjà vieux ? Est-ce qu’on peut rentrer dans le sein de sa mère pour naître une seconde fois ?’ » (Jn 3:3-4) Comment accueillir Dieu à la manière d’un enfant alors que nous sommes déjà adultes ? Sur cette question, sainte Thérèse de Lisieux nous livre une délicieuse confidence : « Je dis tout simplement au Bon Dieu ce que je veux lui dire, sans faire de belles phrases, et toujours il me comprend. » Elle nous dévoile sa ‘petite voie’, un chemin de simplicité et d’authenticité dans notre relation avec Dieu. L’enfance n’est donc pas le symbole des illusions perdues des adultes qui refuseraient de vieillir. Au contraire, c’est une attitude résolue d’amour et de confiance envers Dieu. « Demeurez dans mon amour. » (Jn 15:9) nous dit Jésus.
L’harmonie familiale que Jésus nous propose dans l’Évangile d’aujourd’hui est un long chemin d’apprentissage dans l’amour. Illuminons notre foyer d’amour avec la lumière de la foi. Ensemble, en famille, poursuivons notre chemin vers Dieu en toute confiance et en toute simplicité comme un enfant.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci encore pour vos commentaires et pour la richesse de votre site qui me permettent de vivre les textes et d’alimenter l’animation que je donne dans les messes de deux communautés paroissiales….
En union de prière
ce soir notre petit groupe de prière aura un moment de communion avec vous afin de rendre grâces pour ce que vous nous donnez
Bruno